Exposition du Voyage à Nantes – 08 août au 27 septembre 2020

Scènes domestiques par Bourbouze & Graindorge architectes

La Maison régionale de l’architecture propose une immersion dans l’univers singulier et foisonnant de la représentation architecturale, porteur de nombreuses rêveries, qui permettent de penser l’architecture comme une forme ouverte, sans se limiter à la contemplation inhibante d’un objet fini.

En privilégiant la multiplicité de représentations partielles et allusives (dessins normalisés, scènes illustrées, photos de chantier, maquettes écorchées…), cette exposition embarque le visiteur dans la complexité des voies qui mènent de la conception d’un projet à la fabrique de la ville contemporaine, entre intimité et vie collective. Un mobile de plans-reliefs translucides, une longue frise d’illustrations, et six grandes tables de travail, présentent sous la forme de récits graphiques, plusieurs projets récents dans lesquels il est autant question d’organisation de l’espace que des rêves qu’il suscite.

Investis dans la conception et la réalisation de nombreux projets d’habitat collectif, Gricha Bourbouze et Cécile Graindorge défendent ainsi l’idée d’un projet architectural inscrit dans l’imaginaire urbain, attentif aux usages, et ancré de ce fait dans l’idée de domesticité.

Récits transversaux

Convention et déjà-vu

Nous croyons fermement que la qualité d’une ville doit beaucoup à l’idée de continuité. De ce fait, nous envisageons l’imaginaire urbain dans toute sa diversité, comme un terreau fertile, auquel toute architecture à vocation urbaine doit se référer.

L’idée de déjà-vu, ou de reprise (au sens musical du terme) est donc pour nous une idée fondamentale en termes d’intégration urbaine et dans l’idée que nous nous faisons de la création architecturale. Le champ de l’aménagement urbain est en effet aujourd’hui soumis au diktat de l’innovation, comme si cela était toujours synonyme de progrès.

Pourtant, faire en sorte qu’un bâtiment neuf, sème le doute sur sa nouveauté, c’est pour nous inciter tout spectateur à un questionnement, à une attention renouvelée.
De fait dans de nombreuses situations, il vaut mieux ne pas inventer, il vaut mieux ne pas innover, ou alors d’une manière insidieuse et souterraine.

Forme et contexte, la fabrique de la ville

À Aubervilliers, au coeur d’un faubourg en plein renouvellement, à Nantes, dans un nouveau quartier en lisière, dans le Sud de Rennes, sur le plateau de Saclay à Palaiseau, sur l’île de Nantes ou au bord du Boulevard périphérique parisien, chaque projet se nourrit de son contexte pour inventer une forme urbaine qui vise à qualifier de manière positive les espaces laissés vides, que ces derniers soient privés ou publics, devant ou derrière, dehors ou dedans. Cette résonance entre l’implantation, la forme, la hauteur ou l’épaisseur des différents bâtiments et les formes urbaines existantes est au fondement de tous ces projets.

Une organisation plus qu’une forme

Les bâtiments de logements collectifs sont constitués d’une agglomération de petits espaces et sont régis par des dispositions qui ont assez peu évolué depuis un siècle (distribution radiale, linéaire centralisée, linéaire latérale, répétée…). Leur potentiel d’innovation réside donc essentiellement dans l’organisation des logements et dans leur mode de distribution, relation spatiale que l’on nomme la typologie, et qui constitue la matrice de tous nos projets. En effet, autant certaines questions liées aux modes constructifs, à un imaginaire construit local sont attachées à un site et peu transférables à d’autres contextes, autant la réflexion sur la typologie est transversale à tous les pays et à tous les contextes urbains (dense ou moins dense), et la question du transfert, de l’adaptation typologique d’un modèle constitue donc une stratégie particulièrement fertile en termes de conception et d’enrichissement de la matière urbaine.

Intimité, confort, proximité

Dans la mise au point d’un projet, la question de la proximité (ou de l’espacement) est souvent l’une des premières questions que l’on se pose. En effet l’idée de densité est aujourd’hui unanimement valorisée, mais sa conséquence directe, la proximité, perçue comme une contrainte, alors même que c’est elle qui caractérise l’aspect collectif et hospitalier de nombreux quartiers attractifs, où les rues n’excèdent souvent pas 10 ou 12m de large.

Cette thématique est donc au coeur de notre conception du logement collectif, et se mêle aux questions de typologie, de distribution, et au rôle central des seuils et multiples filtres qui caractérisent toute relation positive entre espaces publics et espaces privés (palier, vestibule, embrasure, loggia, balcon, store, rideau…).

Structure durable et primitivisme

La question de la durabilité est liée à la vision globale d’un projet, mais ce qui nous intéresse ici c’est la manière dont la conception d’un bâtiment permet d’assurer son évolutivité à long terme. Différents dispositifs sont envisageables, qui concernent l’organisation des structures, mais également la conception technique des façades, et leur dessin.

Dans les projets présentés ici, le statut de la structure est donc double, à la fois élément fondamental de l’organisation et de l’expression architecturale des bâtiments.
Le rôle central assigné à la structure rejoint également notre quête d’une expression architecturale primitive, basée sur une matérialité assumée et une certaine monumentalité. Cet objectif est à notre sens crucial si l’on veut préserver la cohérence d’un dispositif architectural souvent assailli d’exigences contradictoires (budgétaires, programmatiques, urbaines, environnementales…)

Fréquence et répétition

Quel que soit son degré de flexibilité, toute architecture exerce une forme de contrainte sur ses usagers.
Cette contrainte peut être contournée par une conception structurelle allégée, qui permettra des évolutions aisées, mais elle peut également être assumée, par conviction dans la capacité d’un espace à accueillir des usages variés au cours du temps, et croyance dans la nécessité pour l’architecture de qualifier par une forme pérenne les lieux qu’elle habite.

A ce titre, la répétition, la fréquence, la modulation sont des paramètres indispensables dans la mise au point de la matrice spatiale d’un bâtiment, et dans le dessin de ses façades, et constituent la qualité essentielle d’un projet de logement collectif, et la condition de son caractère démocratique.

Assemblage et rusticité

A la différence d’un artisan (ou d’un artiste) le chantier n’est pas pour l’architecte une phase solitaire de fabrication, mais une phase très collective de transmission d’informations permettant la réalisation de ses objectifs. C’est donc une phase à la fois décevante et exaltante, où se joue une bonne part de la réussite d’un projet.

C’est également une phase instructive où se vérifient et se découvrent les potentiels et les impasses d’idées constructives, d’assemblages et où se révèle l’échelle des éléments d’une architecture.

Dans les chantiers, nous cherchons avant tout la rusticité, car ce terme est porteur de plusieurs qualités qui rassemblent l’idée de confort, d’adaptabilité, de vieillissement, de remplacement et d’appropriation, qualités intimement liées à une certaine idée de la construction.

Bourbouze & Graindorge architectes

L’agence Bourbouze & Graindorge a été fondée à Paris en 2005 par Gricha Bourbouze et Cécile Graindorge. Elle est implantée à Nantes depuis 2010 et compte actuellement une dizaine de collaborateurs.

L’agence s’est distinguée à ses débuts, par la réalisation de plusieurs opérations de logements collectifs, notamment à Paris, Aubervilliers et Montoir-de-Bretagne, toutes singularisées par leur conception structurelle, leur organisation typologique, et une matérialité affirmée.

Plus récemment, les opérations de Paris – Saclay (résidence étudiante, restaurants universitaires, cuisines, services communs) et de Rennes – La Courrouze (pôle socio-éducatif), marquées par des problématiques plus urbaines, nous ont permis d’étendre notre champ d’action et de développer notre savoir-faire dans la conception et le développement de projets complexes, tant du point de vue de leur programme que de leur contexte opérationnel.

Parmi les projets en cours d’étude ou en chantier, les opérations de la Porte de Vincennes à Paris (gymnase et résidence étudiante) et de St-Nazaire (salle des fêtes dans l’enceinte de l’ancienne base sous-marine) illustrent également notre appétit toujours renouvelé pour les situations urbaines atypiques, et les projets hors-norme.

www.bourbouze-graindorge.com

2005 : Bourse L’envers des villes / AFAA – Ministère des Affaires étrangères Nominé au Prix de la première œuvre 2006
Lauréat des Nouveaux albums des jeunes architectes 2005-2006
2012 : Nominé au prix de l’Equerre d’argent 2016; Nominé au prix de l’Equerre d’argent Exposé à la Biennale d’architecture de Venise
2017 : Nominé au prix de l’Equerre d’argent 2019; Prix AMO; Exposé à la Triennale d’architecture de Lisbonne; Prix D’A d’architecture

L’installation réalisée par Bourbouze & Graindorge architectes, s’inscrit dans le parcours du Voyage à Nantes 2020.

L’exposition reçoit le soutien technique de la Maison régionale de l’architecture des Pays de la Loire et la participation de KEIM, peintures minérales; INEX, ingénierie technique et environnementale; VPEAS, économie de la construction; BMF, économie de la construction.